Si une naissance est un moment particulièrement émouvant, chez l’animal comme chez l’Homme, c’est aussi une période sous haute tension. Une anomalie peut, en effet, apparaître lors de la mise-bas chez la chienne et entraver son bon déroulement : on parle alors de dystocie. 

Qu’est-ce que la dystocie chez la chienne ?

La dystocie constitue une complication grave de la mise-bas qui peut engager le pronostic vital de la mère et de ses petits. Elle est distincte de la mise-bas eutocique, c’est-à-dire sans complications. Toujours inquiétante, la dystocie chez la chienne nécessite la sollicitation en urgence d’un vétérinaire afin de parvenir à expulser les chiots dans les meilleures conditions et le plus vite possible. Elle est plus souvent observée chez certaines races de chien comme les bouledogues, les chihuahuas, les yorkshires terriers ou les pékinois.

Comment distinguer une dystocie chez la chienne d’une mise-bas normale ?

Le déroulement normal d’une mise-bas chez la chienne

La durée de gestation de la chienne est de 58 à 68 jours. Généralement, on peut observer des signes annonciateurs de la mise-bas mais ils ne sont pas toujours présents. Seul le suivi vétérinaire appuyé sur des examens spécifiques comme l’échographie peut annoncer, de manière fiable, la proximité de l’évènement. Parmi ces signes, citons un changement de comportement (agitation, grattage du sol, refus de manger, etc.), une possible sécrétion de lait visible sur les tétons une semaine avant, un relâchement de la vulve observé dans les 48 heures avant la mise-bas ou encore une chute de la température rectale de 1°C survenant 8 à 24 heures avant.

La fonte du bouchon muqueux est, généralement, constatée jusqu’à 72 heures avant. Elle se manifeste par l’écoulement de la glaire cervicale au niveau de la vulve. En dosant le taux de progestérone dans le sang, le vétérinaire peut aussi prévoir l’imminence de l’évènement. Il constate, alors, une chute du taux dans les 24 à 36 heures avant la mise-bas. Une semaine avant la date présumée, la chienne doit être installée dans un endroit dédié, au calme et à distance du passage. Le jour J, trois étapes sont observées :

  • La phase de préparation : d’une durée de 6 à 12 heures (jusqu’à 24 heures chez une chienne primipare), cette phase initiale se caractérise par des contractions utérines et un relâchement du col. C’est au cours de cette phase que les pertes vulvaires signalent la fonte du bouchon muqueux. À noter que la dilatation du col ne peut être observée chez la chienne car la longueur de son vagin ne le permet pas. 
  • La phase d’expulsion des chiots : elle dure, généralement, 4 à 8 heures et jusqu’à 24 heures chez une chienne primipare. L’arrivée du premier-né est précédée de la perte de liquide visqueux de couleur verte (à base d’utéroverdine) quelques minutes à quelques heures avant. Cette perte indique que le placenta se décolle de l’utérus. Le premier chiot est alors expulsé, dans 60 % des cas tête la première, sous l’impulsion de puissantes contractions abdominales. Il est entouré de l’amnios, une membrane que la chienne déchire par un léchage soutenu du chiot, dans les 30 secondes à 2 minutes qui suivent. Ce comportement instinctuel de la mère va stimuler la respiration. Elle va également sectionner le cordon ombilical. Habituellement, un intervalle de 20 à 60 minutes est observé entre la naissance de deux chiots. 
  • La phase d’expulsion des placentas ou délivrance : c’est la dernière phase de la mise-bas qui peut durer jusqu’à 15 minutes. Il arrive que les placentas soient expulsés en même temps que les chiots. Il existe, en effet, un placenta par chiot. Il est donc vital de les compter pour ne laisser aucun résidu qui pourrait s’infecter dans l’abdomen de la mère. Spontanément, la chienne les mange : il est conseillé de ne pas la laisser ingurgiter l’ensemble des placentas pour éviter les phénomènes de diarrhées

Les signes d’une dystocie chez la chienne

Une dystocie chez la chienne peut se manifester de multiples manières :

  • La mise-bas ne se déclenche pas alors que le terme est atteint.
  • La température rectale a chuté depuis plus de 24 heures.
  • Il n’y a pas de contractions pourtant nécessaires à l’expulsion : on parle d’inertie utérine.
  • Les contractions abdominales sont bien présentes depuis plus de 12 heures mais elles s’avèrent inefficaces : aucun chiot n’est expulsé.
  • Les puissantes contractions abdominales sont présentes depuis plus de 30 minutes sans expulsion.
  • Un délai de 6 heures s’est écoulé depuis la perte du liquide verdâtre et le premier chiot n’est toujours pas né.
  • Des pertes malodorantes, purulentes ou sanguinolentes sont observées.
  • Le premier chiot est né mais, 2 heures après, le second chiot n’a toujours pas été expulsé.
  • Le chiot se présente par le train arrière et le passage semble difficile.
  • Un chiot est coincé au niveau de la vulve.
  • On constate, chez la chienne, une diminution des efforts d’expulsion.
  • La chienne semble à bout de force, fiévreuse ou en état de choc.

Ces différentes situations constituent des urgences vétérinaires : le pronostic de la chienne et des fœtus est engagé. 

Quelles sont les causes de la dystocie chez la chienne ?

Les causes de la dystocie chez la chienne sont nombreuses et peuvent être :

  • d’origine maternelle : absence de contractions (liée à une obésité ou une rupture du diaphragme), contractions inefficaces, inertie utérine (possiblement héréditaire), taille inadaptée de la filière pelvienne (liée à une anomalie congénitale ou à une fracture), hypocalcémie, hypoglycémie, etc. 
  • d’origine fœtale : fœtus trop gros, mal orienté, présentation postérieure avec les postérieurs repliés sous le corps, présentation antérieure avec les antérieurs repliés sous le corps, présentation transverse, décès des fœtus, etc.

Comment diagnostiquer et traiter la dystocie chez la chienne ?

Le vétérinaire va diagnostiquer une dystocie chez votre chienne grâce aux éléments que vous lui transmettez, à savoir un descriptif précis des signes observés (avant et pendant la mise-bas) mais aussi par l’examen clinique. Le dosage de la progestérone et le toucher vaginal permettent de constater objectivement l’avancée du travail. Des examens complémentaires peuvent être réalisés : analyse de sang, échographie abdominale, etc. Une fois la cause de la dystocie identifiée, le vétérinaire peut être amené à réaliser des manœuvres obstétricales pour favoriser la sortie des chiots.

Si elles s’avèrent insuffisantes, il peut décider de pratiquer une césarienne sous anesthésie. La chienne est alors intubée et sous monitoring gazeux après pré-oxygénation au masque. Le vétérinaire peut, aussi, décider de pratiquer une injection d’ocytocine pour favoriser la contraction de l’utérus si aucun risque d’obstruction n’est constaté. Une injection de calcium peut être associée pour rendre les contractions plus efficaces.

Afin de préserver la vie de la mère et des fœtus, il est fortement conseillé de faire, rapidement, appel à votre vétérinaire si vous constatez des signes inquiétants lors des trois phases de la mise-bas. Ils peuvent évoquer une dystocie chez votre chienne.